Mitsi (2008-2016)

Elizabeth Saint-Jalmes 5 Sculpture 5 Mitsi (2008-2016)
Mitsi est partiel, c’est un tout. Mitsi est un concept et un doudou. Mitsi est un module organique-inorganique. Fait en tissu rempli de mousse et de couleur chair, il évoque le corps. Informe et multiple, il matérialise ce qui nous fait avancer, aimer, ce qui nous fait peur. Objet transfert, il se charge (magnétiquement, transitivement) de notre singularité.
 
Par sa difformité et son état “empathique”, Mitsi accède à l’insaisissable de chacun, son indicible, son clair et son obscur. Il formalise nos refus et se propose physiquement d’être notre commun.
 
L’expérience intime au Mitsi permet de détricoter les a priori et de bâtir à la place une beauté affranchie des tabous, libérée des noeuds politiques et religieux le mitsi permet d’échapper aux représentations liées au sexe, au genre, à la couleur, à
l’obésité et au handicap.
Par son inconstance, il nous confirme que le savoir est une expérience en marche. Il nous invite à prendre conscience de notre capacité à inventer sans cesse notre cadre de devenir, notre pouvoir d‘agir sur nous-mêmes, sur la société et sur le monde : c’est la révolution Mitsi.
Le mitsi, outil de psychanalyse institutionnelle ? Objet relationnel ?
Mais ces termes-là, quand bien même ils touchent une dimension fondamentale de l’expérience, doivent être congédiés. Il s’agit encore d’autre chose : mais de quoi alors ? Du fugace, dans sa complexité, sa richesse impalpable et tenace. Du devenir donc.
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MITSI STUDIES

PRESENTATION 1 /

Observation biologique

—————————–

La mitsi peut changer la couleur et la structure de sa peau en fonction de son humeur et de son environnement immédiat. Sa peau recèle des millions de cellules colorées contractiles et peut se couvrir à volonté de taches, de petites cornes et d’autres pustules mimétiques. Le changement de couleur peut être un signal, par exemple, pour la toxique mitsi aux anneaux bleus. Son sang est bleu et non rouge comme chez les vertébrés à cause de l’absence d’hémoglobine remplacée par le blues de l’informe*.

* – Ce blues est inoculé à petite dose par un joueur dont l’identité s’est perdue dans la nuit des temps mais que la lune ramène parfois : le mitsi change alors de sexe en se rechargeant de ce blues vital pour lui. On peut donc en déduire que le ou la mitsi dépend de la lune, du blues, de l’identité perdue et de la nuit des temps.

PRESENTATION 2/

Abord théorique / psychanalytique

MITSI matière plastique performative

LE MOI MITSI HERNIE MENTALE

La structure du moi

Ce qui sous tend ce travail est une relation à mon propre corps, l’arrière plan s’ancre quelque part dans mon histoire à l’ endroit du ‘je’.

Mon corps c’est mon lieu sans issue auquel je suis condamnée, Mitsi est le monstre contenu libéré.

Elle estl’éclatement du moi, un corps incorporel -dé-corporéisé et re-corporéisé, ouvert et fermé, absolument visible, lieu de toutes les utopies.

MITSI valeur symbole

La relation au « moi »

Mitsi est laformalisation de ce qui est corporellement invisible, difficile à comprendre, méconnu.

Ilmatérialise aussi l’état de la conscience de la condition humaine : peur du vide, du néant, conscience de la finitude, il est le grincement du moi

Mitsi est le Corpus Anima, l’âme visible, dans son impureté profonde. En les symbolisant, il sublime ses pulsions.

La chair, l’esprit, le religieux, le sacré, le profane, l’interdit, l’inconnu existent dans cette chair symbole qui devient le produit du fantasme de celui qui regarde.

L’AUTRE : MITSI HERPES SOCIAL

MITSI valeur symbole

La relation à l’autre : Le trois

La relation à deux avec comme « tiers » un volume Mitsi. ou comment il peut absorber l’intention adressée à l’autre et, par cette triangulation, proposer un certain type de dialogue.

MITSI valeur symbole

Le corps social : déconstruction et reconstruction du corps social ( états/contraintes )

Mitsi est A-sociale, dé-sociale, re-sociale

Mitsi opère une déstructuration des constructions du corps ‘social’ , du corps construit pour être présentable, du corps qui se tientface à l’autre, celui qui n’est pas éclaté, pas ‘ psychotique’.

Mitsi n’a à être ni acceptable, ni présentable, il propose une autre organisation sociale et relation à l’autre.

Le geste du corps social est absent. Ici le corps se meut dans un « nouveau corps social » qui est régi par un système et ses « propres structures du geste », dans « d’autrescontraintes.de physicalité, de relations » :

– via l’utilisation du corps dans la danse

– A cause de la contrainte des costumes / volumes Misti

Le déplacement de la contrainte

La contrainte du corps qui se doit d’être « unifié » est absente.

Ici la contrainte est imposée par un corps entravé dans une enveloppe grossière, protectrice, aveuglante qui lui propose une nouvelle relation au monde extérieur.

Le corps est libéré de la vue et de la vision que l’on a sur lui et lui même libéré de sa propre vision sur l’extérieur.

Libéré des contraintes de « séduction », dans le « costume » : il jouit d’une nouvelle perception de son enveloppe et de la relation qu’il a avec l’extérieur :

Le nouveau corps social doit se fabriquer avec des unités de corps aveugles etenglobées dans une matière protectrice et volumineuse.

L’organisation du chaos offre une perspective de renaissance aux corps « uns » et aux corps « multiples » : c’est l’abcès thérapeutique du Mitsi.

MITSI épidémie spatiale – territoire (corps espace)

Mitsi est le croisement des chemins et des espaces qui convergent vers le moi. L’enveloppe Mitsiesque permet la porosité, le jeu, la perméabilité.

Le volume amène une continuité entre moi et l’autre aussi via l’énergie molle qui est animée par un corps et reçue par l’autre. La matière est conductrice, unificatrice.

Il en est ainsi entre les corps mais également dans l’espace. Elle se répand, s’étale, sans règle, sans prévenir.

La structuration de la trajectoire d’un corps dans le Mitsi est déplacée, modifiée. Non seulement car c’estl’improvisation qui structure le geste et la performance mais aussi parce que l’agencement du geste lui-même est modifié :

Mitsipropose de s’ancrer dans l’archaïque, dans ce geste archaïque qui se transmet de génération en génération. Il offre une situation qui permet aux performers de sortir de leurs schémasde gestes « prisons ».

Le corps archaïque prend le pouvoir et propose des gestes, des déplacements, des relations avec les autres corps, avec l’espace.

Misti par sa grande difformité, sa grande difficulté à être « discerné» évoque la négation maissymbolise également leschamps du possible

PRESENTATION 3/

Abord théorique /synthétique

« C’est un coussin en forme de bizarre pour faire de l’art » Antoine, 5 ans

Toute pensée, désir, ou fantasme existe dans un espace potentiel.

Le mitsi, sorte de doudou moche, attirant et repoussant formalise cet espace. Par son apparence à la frontière entre forme et difforme, entre abstrait et organique, par cet état d’entre, Il affirme son imperfection, son indéifini, son « être en devenir ». Objet transitionnel, de projection, il existe par les questions qu’il nous renvoie : quoi, pourquoi, beau, laid, utile, inutile, décent, indécent ?……

La chair, l’esprit, le religieux, le sacré, le profane, l’inconnu existent dans cette chair symbole qui devient le produit du fantasme de celui qui regarde.

Mitsi est la trace d’un geste créatif en apprentissage, maladroit, un geste assume le raté, l’échec, un geste qui cherche, un geste dément et démesuré qui accueille le pouvoir de l’insconscient,

En s’assumant non séduisant, difforme, sexuel, tabou, éclaté, intérieur et extérieur, plaisir et désir, exhibé, honteux et fier, Mitsi est un être Résistance, affranchi du « corps outil » construit pour être présentable.

Il incarne, par son existence dans laquellele dérageant, l’imparfait voir l’incompétent s’affirment comme légitimes, cet opération absolument nécessaire à l’affirmation d’une singularité, par l’élaboration d’une pensée, qui mène à la connaissance de soi.

Alors, Mitsi est le bouffon, le fou du roi, l’étranger, celui qui contre toutes les normes, celui qui ose une parole dissonante et discordante, le maître du désordre qui dérange l’ordre établi., c’est un « herpès social ».

Cet informe, espace de l’inconscient, c’est l’insondable. Mitsi elle comprend que c’est parce que quelque chose nous échappe que nous existons. Elle est une invitation à regarder cet innommable, l’infini qui est en nous, en l’autre et formalise des espaces d’absolu que nous partageons tous mais que nous ne possédons pas, qui nous échappent. Elle matérialise l’état de la conscience de la condition humaine : peur du vide, du néant, conscience de la finitude. Mitsi est une « Hernie mentale ».

L’informe du mitsi est aussi un espace dans lesquels se rencontrent des concepts qui s’opposent. C’est l’espace liminaire, un espace crée par la rencontre de deux frontières (ordre et désordre, forme et difforme, beau et laid, rassurant et inquiétant, féminin, masculin…). Cet espace est sans cesse en mouvement, les frontières de définition du mitsi sont souples et poreuses, quand à la pratique Mitsi, elle est métamorphose, elle est création d’un nouvel ordre social.

Il devient et formalise l’espace de tous les possibles.

Mitsi est l’espace potentiel, une zone intermédiaire l’espace de liberté nécessaire au vivant.

Devenir Mitsi, si c’est d’abord accepter de ne pas connaître, c’est réaliser que notre connaissance se situe bien au delà du savoir livresque. Notre connaissance, ici, révélée par le toucher, la relation aux mitsi, la relations aux autres via le mitsi, existe aussi bien au delà de nous. Nous savons comment agir avec Mitsi comme nous comprenons instinctivement et immédiatement ce qu’il agit sur nous.

Mitsi est une sorte de visibilisation de l’invisible : un champ de possibles qui devient palpable, un corps élargi, un corps utopique, un corps anarchique, un corps connecté qui s’étend, et par le contact à l’autre, la création de la communauté, permet une palpabilité de notre pouvoir d’agir infini.

Théorie 1/

Définition du mitsi

La Définition : tentative de déterminer les frontières souples du Mitsi

« Je cherche un déséquilibre permanent ente toute chose et les êtres en présence » C. Régy.

Définir le mitsi commence par affirmer qu’il est infini

Qu’est-ce que la définition si ce n’est la tentative de signifier et de mettre en partage une description, parfois une explication et les modalités de fonctionnement d’une chose. La définition est un outil de compréhension et de transmission, car tenter de définir une chose, c’est partir du principe que cette définition servira de base d’appréhension de cette chose pour tous. Certaines choses sont plus complexes à définir que d’autres, des valeurs philosophiques comme l’âme par exemple, ou comme l’amour.

Le Mitsi se range dans cette famille il ne peut être défini totalement car il ne peut être fini. Une définition possible de Mitsi pourrait être, comme il pourrait y en avoir tant d’autres :

Mitsi est un volume en tissu élasthanne rempli de fibre polyester, il est innombrable, multiple, de toutes tailles, emprunte à la chromie et au vocabulaire formel du corps afin d’évoquer la peau et les organes. Il a pour vocation d’évoquer le corps afin de permettre à tous son appropriation. Il a comme objectif de flirter avec la laideur pour stimuler un phénomène d’empathie et de sympathie voire d’identification à ses propres laideurs, mochetés ou tabous. C’est une matière physique et théorique qui œuvre dans les domainesplastique, social et spacial.

Sa matière est extrêmement confortable pour rendre l’objet attirant, la plongée irrésistible. Il est extrêmement conducteur d’énergie et propose la création d’une communauté à son contact. Mitsi est une chose, un être, assexué, non genré, il est La Sexualité, il est le moi éclaté et réunifié, il formalise nos peurs et nos incapacités, notre pouvoir d’agir. Mitsi a une haute portée physique et psychique, intellectuelle et politique, c’est une matière qui agit des métamorphoses.

Mitsi est la chose complètement incroyable et unique qui fait être ce que les individus et les choses sont, c’est l’origine du mouvement, est le noyau et la péioférie de toute chose. C’est l’espace infini dans nos coeurs. Mitsi est l’âme, c’est la créativité, l‘imagination, la magie de la pensée. Mitsi est le mystère de la vie, c’est l’intelligence et ce qui nous fait douter quand nous pensons connaitre. Mitsi est le chaos, l’espace et le temps des possibles. Mitsi est ce qui nous connecte entre nous et à notre profonde animalité.

Nous devons nous poser des questions et suggérer des réponses pour comprendre les cadres et règles de cet absolument ouvert qu’est le Mitsi.

Quelles contraintes doit-on respecter pour évoquer sans trop dire ? Sur le fil entre la forme et l’informe, c’est cet instable qui est recherché. Comment nommer cet instable sans l’enfermer, le figer, lui donner un « terme » sans le terminer ? Quel est le rapport au NON dans le Mitsi ?

« Dans la thermodynamique cosmique du couple infernal ordre – désordre odieux dès qu’il y a déséquilibre, morbide, totalitaire par excès d’ordre. Furieux anthropique par excès de désordre, toute l’organisation psychosociale doit traiter de cet équilibre. Le désordre régénère l’ordre et le rend supportable à nouveau. »

Cette citation de J.Y Jouannais nous permet de saisir l’oscillation nécessaire àl’équilibre entre ordre et désordre. Mitsi est une tentative de multiples équilibres. Il cherche l’espace frontalier entre les deux objets dont il est la rencontre ( ordre / désordre, intérieur/extérieur. Attirant/repoussant. Rassurant/inquiétant … Cet espace frontière, le fil de l’équilibriste, « the razor of hedge » d’AC/CD est l’espace entre, en devenir, indéfini, la liminarité dans les rituels de passage. C’ est un espace très créatif t analysé dans la théorie queer : la périphérie, les cultures underground, par exemple, si mises en lumière ou récupérées par un système de diffusion et de reconnaissance artistique, c’est à dire, dès lors que mises au centre, se figent à un certain endroit. Pour être comprises et partagées, elles doivent être perceptibles dans leur totalité, pour faire vite capitalisées. C’est la mort de cette existence multiple, dont les possibles ne sont appréhendables par personne et non prévisibles. Il en est de même entre les éléments ou en chimie. C’est la rencontre entre plusieurs éléments qui crée la vie. La frontière un espace jamais figé toujours en mouvement.

Mitsi emprunte à Keith Hennessy, enseignant des queer studies son terme de « frontières souples ». Les frontières du Mitsi, bien qu’elles cherchent à se dessiner sont non définies, une décision ou théorie Mitsi peut donc être déplacée, décalée ou modifiée si nécessaire dès lors qu’elle ouvre encore plus, ne fige pas, n’enferme pas le Mitsi. Ces décisions sont à mettre en débat. Nous les appellerons « Les frontières souples du Mitsi ».

Le non est bienvenu, sous conditions : chercher à cerner ces conditions

Théorie 2/

Le raté, l’échec, le laid dans le mitsi

Le raté, L’échec, Le laid

S’autoriser et apprendre de l’échec

Dans son livre « The queer art of failure » Judith Alberstam développe la thèse que l’échec est une critique et un moyen de résistance aux logiques dominantes du pouvoir et de la discipline. En pratique, l’échec met en lumière l’inconsistance du pouvoir et son impossibilité à être « total » en exploitant les qualités indéterminées de l’idéologie. Halberstam introduit la notion de féministe anti-social, un féminisme qui s’encre dans la négation, la passivité, le silence qui offre de l’espace et les modes du non savoir, de l’oubli comme un projet féministe alternatif.

Dans la conception tayloriste du travail, le proscrit est l’arbre qui cache la forêt. Les techniques managériales interdisent comme on colmate une fuite qui n’a pas encore eu lieu en plomberie : ils anticipent pour mieux contrôler. L’échec abat l’arbre, dévoile la forêt et fissure le joint. L’échec est non validé par la collectivité. Echouer est une résistance, un acte de liberté, qui a pour résultante un affranchissement du déterminisme, un acte vers la connaissance et l’affirmation de soi. L’échec est subversif et productif de tout un tas de choses qui ont attrait à la liberté et à la connaissance de soi.

Admettre, aimer sa laideur, et la transcender

La magie du faux : Le faux qui crée le vrai, objet transitionnel ( fake therapy de Valentina Desidery)

Mitsi est l’anti-dieu, l’anti explication de toute chose mais ordonne tout de même le chaos.

Mitsi révolutionne le concept de la beauté. Et si la beauté c’était notre imperfection ? et si la beauté c’était le double mouvement d’être ensemble en se différenciant, et si la beauté était le pouvoir d’agir ? le pouvoir de création, de métamorphose du monde ?

Mitsi est un exemple, un véhicule qui nous invite nous affranchir des normes hétéronormées, genrées, religieuses, de la bienséance, capitalistes et toute autre norme, modèle sur lesquels on essaie de nous faire nous construire et qui sont des moyens de contrôle et de castration.

Théorie 3/

Le transgressif dans le mitsi, la figure du désordre

Le transgressif, l’imposteur, l’intercesseur, l’étranger, l’autre, l’impensable, l’inacceptable:

Cet innomable qui est en nous, en l’autre, l’ailleurs qui est nous.

« Mon mal vient de plus loin » Phèdre

Le sentiment d’imposture comme nous l’explique Belinda Cannone dans son livre éponyme est un sentiment que nous connaissons tous et qui est la conséquence de ces multiples modèles sociétaux auxquels nous nous identifions et dont on doute que l’on sera à la hauteur, par méconnaissance de notre propre nature, de nos propres potentiels.

Accepter de jouer cet imposteur c’est amener du ludique où il y a delà peur, c’est prendre un recul nécessaire à la compréhension de soi et accepter que la vie sociale est remplie de masques. Jouer l’imposteur c’est affirmer sa singularité. Endosser ce gros masque et mettre au grand jour la duperie. Devenir Mitsi,c’est devenir cet imposteur et s’assumer comme tel, celui qui échoue, celui qui rate, celui qui sait qu’il est difforme et mortel, qu’il fait caca, qu’il pète et rote, qu’il sais pas à quoi il est bon ou utile, qu’il est inutile, est un anti-héros, qu’il est rempli de chairs molles, que c’est pas moins présentable qu’autre chose, qu’on peut en rire, trouver ça beau et ça nous le rend aimable: nous sommes tous des monstres, vivons libres et tordus !

Il incarne, par son existence dans laquellele dérageant, l’imparfait voir l’incompétent s’affirment comme légitimes, cet opération absolument nécessaire à l’affirmation d’une singularité, par l’élaboration d’une pensée, qui mène à la connaissance de soi.

Alors, Mitsi est le bouffon, le fou du roi, l’étranger, celui qui contre toutes les normes, celui qui ose une parole dissonante et discordante.

« Grotesques, triviaux ils tendent au regardeur le miroir dans lequel se reflètent les travers delà société. L’indécence ne les gêne pas parce que c’est la nôtre » JY Jouannais. L’idiotie.

Dans les mythologies, les figures du désordre, bouffons, intercesseurs, dieux trublions, dévoilent avec humour, joie, transgression et parfois sagesse les forces du sacré dans le profane pour libérer les consciences individuelles.

A développer !!!!

Théorie 4/

Le mystère Mitsi

Parce qu’entre mystère et mitsi il n’y a qu’un pas

Au cœur du lien notre obscur inaccessible, inthéorisable, inqualifiable, cause de nous, notre corps, l’expression de notre substance immanente ? et l’acceptation de ne pouvoir tout connaître.

Compost mille feuille, soupe primordiale ! (revoir la philo de la soupe)

Chez Lacan : l’Extimité qqchse qui appartient au sujet et qui le met mal à l’aise car non reconnu comme tel.

Unheimlischkeit chez Freud l’inquiétante étrangeté- rupture de la rationalité rassurante de la vie quotidienne dévoilée

Le mystère Mitsi est l’espace de liberté nécessaire au vivant. C’est l’insondable, l’informe, l’insaisissable accepté, accueilli, partagé. Partagé par beaucoup ( voir au chapitre citations)

Théorie 5/

La spiritualité subversive : déconstruction du corps idéalnormé et construction d’un corps rêvé.

L’augmentation iconique ( François Dagognet) avec le dessin, avec le moins, on peut représenter le plus : projection psychique de ce que le corps nous révèle.

Le graphisme taxinomique ( François Dadgognet) est la manière d’extérioriser le dedans , le classer à la manière de paysages, en rendre compta grâce à la taxis, l’ordonnancement issu de la bibliothèque à la manière de l’esprit.

Ces deux terminologies développées dans la philosophie de François Dagognet sont des occurrences d’une transcendance du corps donné, subi, non pensé, vers un corps compris, interprété, rêvé.

Devenir Mitsi passe par l’acceptation de l’éclatement du moi, l’expérience de l’élargissement du corps, la visibilisation de l’invisible : un champ de possible qui devient visible, un corps élargi, Un corps utopique, un corps anarchique, un corps connecté qui s’étend, comme un palpabilité dupouvoir d’agir :

Compréhention, mise en vibration etdéhyerarchisation des Corps comportemental, Corps physique, Corps sensible, Corps structure, Corps émotionnel, Corps énergétique. En faisant vibrer et en focalisant sur une certaine couche du réel, nous déprogrammons le connu, en tant que connaissance absolue ou unique et reprogrammons un nouvelle réalité. Cette réalité est nourrie d’une expérience sensible, et nous fait prendre conscience de la manière dont nous sommes construits.

Cette exploration donne naissance au corps des possibles, qui ouvre la porte à tous les possibles. L’imaginaire a les pleins pouvoirs et notre corps n’est pas sujet uniquement à des contraintes de gravité, le second degré et l’utopie sont entre nos mains. Rions de tout et plongeons dans les profondeurs abyssales, nous y trouverons les ressources vitales.

Théorie 5/

La réinvention du lien social.

Le déplacement de la contrainte

La contrainte du corps qui se doit d’être « unifié » est absente.

Ici la contrainte est imposée par un corps entravé dans une enveloppe grossière, protectrice, aveuglante qui lui propose une nouvelle relation au monde extérieur.

Le corps est libéré de la vue et de la vision que l’on a sur lui et lui même libéré de sa propre vision sur l’extérieur.

Libéré des contraintes de « séduction », dans le « costume » : il jouit d’une nouvelle perception de son enveloppe et de la relation qu’il a avec l’extérieur :

Le nouveau corps social doit se fabriquer avec des unités de corps aveugles etenglobées dans une matière protectrice et volumineuse.

L’organisation du chaos offre une perspective de renaissance aux corps « uns » et aux corps « multiples » : c’est l’abcès thérapeutique du Mitsi.

Le jeu Mitsi : expérimenter le jeu comme métamorphose du vivant et peu à peu se libérer des représentations habituelles – subies – qui régissent nos relations. C’est inventer des jeux nouveaux, sans cesse et réinventer donc des règles à nos relations. Parfois ne pas connaître – ou feindre de ne pas connaître la règle ? (games whose rules I ignore, Ashour)

Le toucher Mitsi–franchir les frontières sociales par le tactile. Créer uneconnexion par un tout nouveau toucher social pour métamorphoser les relations humaines. Steve paxton & lisa Nielson entre autres dans les théories sur la danse contact improvisation ont expliqué pourquoi et comment un toucher précis, technique et instrumentalisé, au service d’une danse ( acuité de l’écoute du partenaire pour comprendre comment organiser son corps en réponse à un stimuli, Vider les corps les uns dans les autres et agir de multiples expériences corporelles)

propose aux individus une rencontre toute nouvelle, une relation « révolutionaire » basée sur l’écoute corporelle et le jeu de l’improvisation.

Le touché Mitsi, en sus de sa filiation avec le contact improvisation, est pourvu de cet objet transitionnel qui matérialise la relation, les projections de chacun et bien d’autres choses encore dont on a pas idée.

Force de transformation du monde avec plaisir, selon Donna J. Harraway

La connaissance par l’expérience Mitsi s’appuie sur la vertu de savoir que l’on ne sait pas, à ne pas s’appuyer sur un croit savoir, travailler à partir de là et de l’expérience. C’est comprendre que la répétition n’existe pas, que la transformation est en marche, toujours, la philosophie terreau du Mitsi c’est la théorie du changement du Tao Te King.

Mitsi est le croisement des chemins et des espaces qui convergent vers le moi. L’enveloppe Mitsiesque permet la porosité, le jeu, la perméabilité.

Le volume amène une continuité entre moi et l’autre aussi via l’énergie molle qui est animée par un corps et reçue par l’autre. La matière est conductrice, unificatrice.

Il en est ainsi entre les corps mais également dans l’espace. Elle se répand, s’étale, sans règle, sans prévenir.

La structuration de la trajectoire d’un corps dans le Mitsi est déplacée, modifiée. Non seulement car c’estl’improvisation qui structure le geste et la performance mais aussi parce que l’agencement du geste lui-même est modifié :

Mitsipropose de s’ancrer dans l’archaïque, dans ce geste archaïque qui se transmet de génération en génération. Il offre une situation qui permet aux performers de sortir de leur schémasde gestes « prisons ».

Le corps archaïque prend le pouvoir et propose des gestes, des déplacements, des relations avec les autres corps, avec l’espace.

Misti par sa grande difformité, sa grande difficulté à être « discerné» évoque la négation maissymbolise également leschamps du possible « je ne suis rien mais je contiens en moi tous les rêves du monde » Fernando Pessoa

La connaissance, selon Locke, advient par la perception, la sensation. La connaissance advient par l’esprit qui obtient cette connaissance par réflexion de ses propres occurrences.

Puisque « Nous n’avons aucune garantie de la conformité de nos idées avec le réel, mais notre constitution aune garantie (divine ) » Locke.

L’entendement Mitsi est l’assurance qu’autrui a une forme de réceptivité pour communiquer avec moi puisque le mItsi est un langage, un concept et une matière commune.

La connaissance Mitsi c’est l’expérience partagée du Misti

Dans son ouvrage l’après Babel, Georg Steiner, lui, développe la thèse que c’est l’absence d’une langue universelle qui empêche Babel de se faire.

Le poète Celan, répond « il y aura une langue au nord de l’avenir »: le Mitsi ?

Par sa difformité et son état “empathique”, Mitsi accède à l’insaississable de chacun, son indicible, son clair et son obscur. Il formalise nos refus et se propose physiquement d’être notre commun.

L’expérience intime et partagée du Mitsi permet de dé-tricoter les a-priori et de bâtir à la place une beauté affranchie des tabous, libérée des nœuds politiques et religieux, le mitsi permet d’échapper aux representations liées au sexe, au genre, à la couleur, à l’obésité et à l’handicap.

Par son inconstance, il nous confirme que le savoir est une expérience en marche.

Il nous invite à prendre conscience de notre capacité à inventer sans cesse notre cadre de devenir, notre pouvoir d ‘agir sur nous-mêmes, sur la société et sur le monde : c’est la revolution Mitsi.

Théorie 7/

Faire commun. communauté. Créer ensemble : la création partagée

Devenir Mitsi c’est comprendre et que ce que tu vois est infini en tant qu’exploration.

Le Mitsi propose des rituels dans lequel sont inventés un corps commun à partir de personnes toutes différentes, solidaires, oeuvrant pour une mission commune : une communauté qui embrasse nos différences. Recréer du collectif, et ici particulièrement, c’est résister, sublimer ensemble, et contrecarrer les politiques ( managériales) d’individualisation., c’est une « résistance à la société disciplinaire et aux dispositifs sexopolitiques disciplinaires de production de la subjectivité ». ( Judith Butler)

Plonger dans le Mitsi et créer des jeux Mitsi, c’est créer ensemble, et créer une communauté par l’expérience

Fabriquer le mitsi met en acte la créativité, le faire ensemble au service de la communauté

La notion de communauté foucaldienne est en fait un assemblage qui crée le capital. Le capitalisme se nourrit de ce « nous », du « moi » et du rêve de communauté. Le devenir Mitsi a pour vocation d’échapper à cette récupération, il est insaisissable, impossible à monnayer, il n’a de valeur que celle qui est innomable et inquantifiable, c’est la valeur du difforme.

Mitsi distord la réalitédans le but de créer une nouvelle réalité de résistance.

Ca n’est pas à propos de ce qu’est le corps, c’est à propos de ce qu’un corps peut faire.

La thèse Mitsi défend l’idée que La générosité voire, allez, soyons fous, l’oisiveté, ainsi que partager et ouvrir des espaces de réflexion sont aujourd’hui les actes les plus subversifs que l’on puisse commettre ( depuis 68, l’internationale situationniste et l’An 01 de Gébé et Alain Resnais, c’est encore plus d’actualité aujourd’hui !).

Oui ! Fluxus et TAZ de Hakim Bey

Qu’est-ce ici qui fait ou ne fait pas société ?

Pas d’organisation économique ou hyérarchique. La communauté Mitsi est une organisation sociale qui ne peut exister qu’en marge d’un autre modèle, La communauté Mitsi est une soupape, un creux, un espace impossible à instrumentaliser ou à optimiser, à rentabiliser.

L’instable, le degré d’informe c’est à dire d’improvisation des rendez-vous Mitsi le rend même compliqué à théoriser.

Dans la théorie Goffmanienne de l’appartenance au rituel, chaque individu doit garder la face avant toute chose dans toutes les phases du rituel. Selon Goffman, l’interaction sociale est guidée par le souci de ne pas perdre la face.

Le masque du Mitsi ce qu’il arbore et revendique fièrement à la face de tous : sa difformité et son appartenance à une communauté.

Ne pas perdre la face Mitsi qu’est-ce que ce serait ?

Théorie 7/

Enseigner / transmettre / Partager :

Comment structurer les mitsi studies

Théorie

Faire, partager, ne pas enseigner, ouvrir une aire de partage, d’expériences et de pensée

Expérience physique, peau, organe, contour, énergie, moteurs imaginaires

L’expérience de la fabrication : écriture de notice, écrire un mode d’emploi pour la transmission de la fabrication du mitsi : La forme difforme et ses règles , ses attributs et ses fonctions.

Fabrication : dessin et rélalisation

Les faux experts, conférences d’imposteurs ( bloc de Joris Lacoste)

le jeu : créer des jeux avec des règles dans des cadres proposés par nous

Faire créer des jeux mitsi : quels règles, quels objectifs

Partager des outils de savoir

Inventer des rituels

imaginer outils de métamorphose du réel

Ignorance des règles du jeu ( games whose rules I ignore, Ashour) Ignorance partielle ou feinte.

La question de la règle qui nous échappe et laisse la place au subconscient ou au subversif.

Origine de cette œuvre, certainement la pensée de Winnicott.

Instable, informe, improvisation des Rendez-vous Mitsi.

Les Rendez-vous Mitsi déploient jusqu’à présent les espaces de recherches suivants :

-pratique corporelle,

-laboratoire de recherche

-écritures performatives, de jeux, de règles

-expression verbale, théorisation

-fabrication des modules

Ces pratiques sont basées sur des principes mais la structure des rendez-vous est improvisée, c’est à dire se basant sur une grille d’improvisation plus ou moins serrée et plus ou moins respectée.

Théorie 8/

Les objets Mitsi et les règles qui en régissent l’esthétique

Les éditions Mitsi, (Carnets de chorégraphies, éditions théoriques, Le livre d’observation de l’exposition Mitsi, prises de notes et traces )

Les vidéos Mitsi

Les jeux de société Misti à amener chez soi

Les collages Mitsi

Les dessins Mitsi

Les jeux mitsi

Les espaces ressources mitsi

Début d’élaboration des règles :

Chacune de ces occurrences Mitsi doit être régie par ce qu ‘elle qu’il doit servir, son l’agentivité.

Se positionner en complicité de l’histoire de ses prédécesseurs (art, peinture, sculpture, danse, écriture de la danse, poésie, design, performance architecture, mode …)

Partition /1

Deviens Mitsi

Comprends que c’est parce que quelque chose nous échappe que nous existons,

Un absolu qui ne nous appartient pas

Touche-le des cils

cet innommable, cet infini qui est en nous

Regarde Mitsi, regarde-toi

Etre imparfait, indéfini

Un être en devenir, tordu, singulier

Ëtre résistance, fier, affranchi,

Maître du désordre qui dérange l’ordre établi

Porte une parole dissonante et discordante,

Sois

Souple, poreux, vivant

Sois métamorphose, un et multiple,

Deviens l’espace de tous les possibles

L’espace potentiel,

Espace insaisissable, absolument libre, palpitant

Nécessaire au vivant.

Mitsi sait qu’elle ne sait pas

Elle connaît sans savoir

dit sans dire

Elle nous agit

Instinctivement

Etouffe les normes,

abolit les frontières,

Elle nous devient un corps élargi, utopique,

Un corps anarchique,

Un corps connecté

qui s’étend

Deviens Mitsi

Expérimente, invoque, invente un nouvel ordre social

Et palpe notre pouvoir d’agir infini.

Partition /2

Fabrique Mitsi ; le jeu de la règle

Jeux / 1

En annexe

Ecrit /1

Carte de vœux Mitsi

Mitsi, quel drôle de mot. C’est un objet (en mousse, informe et multiple) au cœur de la vaste aventure lancée par Elizabeth Saintjalmes et Mathilde Monfreux. Mitsi est partiel, c’est un tout. C’est un concept et un doudou. Longtemps après les objets transitionnels de Winnicott et les objets partiels de Lacan, après les queer studies et les animal studies, c’est donc le temps pour lancer les Mitsi studies. Ce sera la nouvelle mode sein de la french theory qui n’en démord pas de pervertir la théorie, et là, il se trouve que c’est par une pratique des plus insaisissables, des plus multiformes, et des plus précises dans son attention et sa liberté. Le toucher et la danse vont envahir votre quotidien. L’année 2016 commence avec l’exposition Mitsi, qui ne sera que l’une des facettes de ce projet décliné, avec de nombreux partenaires (le Gmem, la Friche…) en performances, workshop, spectacle etc. Comment mieux dire, avec tout l’humour propre aux mitsis, la prolifération de nos activités, de nos désirs pour célébrer, en 2016, l’anniversaire de vingt ans d’activités de la compagnie au sein de son local à Belsunce ? Aurons-nous le temps de faire cet anniversaire tellement l’activité quotidienne est incessante, riche ? Il nous suffit peut-être et seulement, et c’est déjà immense, de vivre et vivre encore, en vivant mitsi d’abord, pour commencer. Paul-Emmanuel Odin

Ecrit /2

Sur la pratiqueMitsi

Ce temps de pratique spécialement élaboré pour les étudiants de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence entend proposer une plateforme d’invention des formes, des gestes, des postures, dans la pratique sociale mitsi. Le mitsi opére par contacts, rapprochements des peaux, plutôt que par symbolisation. Il y a là l’enjeu d’un décloisonnement du symbolique, d’un brouillage des frontières sociales. Les conséquences de cette suspension du symbolique sont infinies : digressions pareidoliques à partir des formes informes des mitsis, complicité et intimité ravivées par le dispositif de la pratique, où l’écoute de soi et des autres est centrale.

Dialectique curieuse des mots et des mitsis : nommer ce que l’on voit dans l’expérience des mitsis ne fige pas l’expérience mitsi, mais indique les points de passage de l’imaginaire mitsi.

L’invention des formes est aussitôt l’invention d’une nouvelle relation aux autres, tout en incorporant une solitude dans l’ouvert.

Dans la pratique mitsi, c’est toute la complexité du fugace qui est saisie et lâchée en même temps pour mieux retentir de ses caprices, de ses surprises. La profondeur et la surface communiquent plus que jamais dans le moindre geste, bousculant l’opposition entre ces deux dimensions.

L’infinité liquidité des mitsis a pour corrélât un regain de précision, comme si la mollesse de l’informe impliquait du coup une exigence, voire une super-exigence quand à la précision de l’écoute, du geste. Phénomène mitsi paradoxal dont le mystère reste entier, même après toutes les analyses. Paul-Emmanuel Odin

Cications

« I am the fly, I am the fly, I am the fly on the ointment » Sid Vicious

« Notre affaire n’est pas de connaître toute chose mais de connaître ce qui nous concerne » Locke

« Pourquoi les sciences sont-elles si ennuyeuses ? Parcequ’elles n’ont que des réponses » Heiddeger

« Peindre la pensée au delà de la forme et naître à ce qui est » ?

« Le mitsi, outil de psychanalyse institutionnelle? objet relationnel?

Mais ces termes-là, quand bien même ils touchent une dimension fondamentale de l’expérience, doivent être congédiés. Il s’agit encore d’autre chose : mais de quoi alors ?

Du fugace, dans sa complexité, sa richesse impalpable et tenace. Du devenir donc. » P.E Odin

« C’est parce que quelque chose m’échappe que j’existe » C . Régi

« je ne suis rien, je ne peux vouloir être rien et je contiens en moi tous les rêves du monde » F . Pessoa

« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » P Soulages

« Obscurité tu seras dorénavant pour moi la lumière » André Gide

« Nous vivons dans un monde sublunaire, inachevé, c’est dans ce monde que l’action prend sa place « Aristote

« Dans ce que j’écris, ce que je trace et plus généralement dans ce que je fais, j’essaie de renouer avec le disparu, l’éliminé, le secret » Julien Blaine

« J’essaie de retrouver- folie sereine- un sens et une vérité àl’inexplicable, que l’on désignait naguère par l’épithète sacré »

Lacan

«Le lieu de l’autre n’est pas à prendre ailleurs que dans le corps.»

«Le langage est corps.»

«Le symbolique possède un corps.»

Deleuze

« Qui est Je ?, c’est toujours une troisième personne. » (Qu’est-ce que la Philosophie ?)

Gaêl et Morgane ( deux enfants)

« L’anneau de Moëbius, quand on le découpe au milieu, ne fait pas deux anneau de Möbius. »

Interwiew /1

Par hélène Crouzillat, film « Mitsi, le Dinausore et les nuages ». 2011

Plein ! Chair et empreinte !

L’histoire commence à plusieurs endroits. Elle commence à l’intérieur, du corps. Elle commence par une question. La question de la prolongation entre l’intérieur, l’extérieur, le corps réel et le corps imaginaire. Quels sont les liens qu’on peut créer entre ces deux notions-là et comment on s’y prend ? Donc ça c’est un des débuts de l’histoire.

Dur ! Mou.

Articulation.

Sur cette semaine-là, ce que j’ai envie de transmettre : des outils pour se mettre en relation avec des matières qui nous permettent d’être relation avec soi. Des chemins pour aller plus vers soi, en fait.

Déplacement, circulation. Acceptation ou rejet. Tache.

Le monde extérieur, c’est un petit peu la lune, c’est-à-dire, c’est complètement étrange. Tout est étrange et tout est support de réflexions, de rêveries…

T’as vu tous ces poils de terre, là ?

Si, on parle du monde extérieur, du coup, ça me renvoie à un endroit de séparation, en fait, de découpage encore entre l’intérieur et l’extérieur.

Je le vois à la fois comme l’Autre, le support avec lequel je dialogue sans arrêt. Je le vois comme une extension de moi que je ne connais pas encore, que je ne peux pas maîtriser, mais que j’apprends à rencontrer.

Peut-être que vous pouvez aller vers quelqu’un. Rencontrer quelqu’un, voir comment peut se passer la rencontre avec l’autre. Avec le volume du corps de l’autre, avec cette créature.

On n’a pas toujours les endroits et les moments pour pouvoir laisser la place à des états régressifs ou à des choses violentes qui sont à l’intérieur de nous. Il y a cette possibilité-là, d’y mettre le monstre qu’il y a en nous, parce qu’on peut déformer son corps, parce qu’on peut jouer. On peut aller très très loin dans la déformation et dans l’animation d’une matière qui peut prendre des formes multiples.

MITSI place un contexte de propositions. Il change, il se transforme sans cesse et mon objectif, c’est pas d’enfermer les gens dans ma proposition. Moi, je propose un dispositif dans lequel, on peut se projeter, projeter une relation à l’espace et à l’autre.

Tomber, couler, aller, là, gros, debout, flottant, lourd devant soi, le corps empreint des multiples poids et mesures de gestes. Rire beaucoup pour faire encore la même chose. Porter, lancer, bois brut et chair nue de la viande asséchée. Odeur ignoble de ta salive coagulée collée à mon derrière comme un morceau de flèche pourrie, honte à toi honteuse informe qui de la vie croit prendre quand je te lance te tire et te cravache. Lourd poids mousseux d’organes fallacieux. Quand viendra l’heure de mourir je n’aurais qu’à ouvrir tes bas satinés et monstrueux de saletés. Quand viendra l’heure de sortir, tout ranger les rangées d’habits entassés et monstrueusement triés. Qui se vêtirait de ces chairs énormes et pendantes ? Pourtant là, le délassement de te voir enroulé, lové, porté, maltraité mes cuisses encore chaudes de cette lutte en mousse. Quoi, de cette mout en lutte. Luth en majeure, major d’hommes comme il se doit. Des hommes à la pelletée, effeuillés comme des gazelles à moitié mortes de faim dans le froid des entrailles sanguinolentes. Cœur de mousse, pousse moi, fait la place, pousse, pousse rien. Chair morte, monceaux de bas hideux qui sourient au soleil de midi. Tu piques et je t’arrache une partie de cheveux morts et qui pourtant tirent ta peine.

En se mettant à l’intérieur de ça, ça nous en fait sortir aussi. Ça nous fait sortir des limites, de nos propres inhibitions, en plus de notre forme. Et puis, dans cette exploration-là, il y a une autre forme qui existe informelle, qui va ouvrir tout ça, ouvrir des très très gros sas, très fondamentaux, en fait.

Attention, je fais pipi. Oh, non !

Je suis désolée… Non, c’est vrai ?

Vous avez encore 5 minutes pour finir, choper un MITSI.

Et pensez à hier. Est-ce que vous choisissez d’avoir beaucoup d’éléments extérieurs ou uniquement des éléments à l’intérieur.

(Pensez) à la manière dont on peut laisser des choses qui pendent pour créer encore plus de matière de jeux.

Pour moi, c’est la prothèse, c’est un élément extérieur à toi, mais qui te supporte. C’est le support, c’est ce qui te permet, toi de comprendre mieux où tu es, parce qu’il y a quelque chose qui est avec toi, contre toi, avec toi.

Elles s’ajoutent ? Un, deux, trois. Ouaih, c’est bien de faire ça, vous vous ajoutez, parce que malheureusement on n’a peu de temps

Donc, c’est projeter sur lui un être vivant, une sensation, un âge, une époque, un type de rapport, un état, une émotion.

Ouaih, c’est bien Isabelle, poursuit ton action de relation.

Il nous amène dans des espaces qu’on ne connaît pas, quelque chose de profondément inconnu, en fait et du coup, il y a quelque chose d’un peu vertigineux dans être face à cet inconnu-là qui devient à la fois concret avec une forme, mais qui est tellement informe qu’il n’apporte pas non plus de réponse à ce qu’il est.

Ouaih, Pauline. Qu’est-ce qui résonne dans ton corps ? Comment ça résonne à l’intérieur du corps ?

Là, c’est la dernière phase d’expansion personnelle donc expandez-vous au maximum, parce que bientôt vous allez devoir rentrer dans une exploration collective.

Il y a des grands moments de surréalisme, il y a vraiment des monstres qui apparaissent, qui sont vivants… Des fois aussi, il y a des dinosaures qui apparaissent sans tête et sans main, mais des dinosaures poissons. Ce qui est important, c’est que ce soit assez neutre. Il n’y a pas de forme trop définie pour que l’imaginaire de chacun puisse aller… C’est un peu comme dans les nuages, il y a des choses qui apparaissent par moment et puis on y voit ce qu’on a envie d’y voir.

Continue, Anne-Sophie ce que tu fais, en restant tendue vers le groupe, vers l’activité. Ouaih. Voilà, éclaircissez…

C’est l’idée d’aller vers le dépassement de toutes les limites qui peuvent exister via le mental, en fait, que l’imaginaire ouvre toutes, toutes, toutes les portes et que l’on puisse toujours être ailleurs que dans les limites que l’on subit… ou que l’on subirait si on était pas dans ces états d’ouverture.

Sources /1

Textes fondateurs

« (…) Les nouveaux travaux sont peut-être à une aussi grande échelle qu’auparavant, mais plutôt que monumentaux ou publics, ils sont aujourd’hui intimes, mobiles, jetables même. La structure, également, n’a plus de prétentions – c’est-à-dire pas plus que les barrières contre les cyclones ; coulée de plomb, mousseline, latex caoutchouteux ou nappes de coton peuvent s’y prêter. En bref, l’idée de l’objet s’est engloutie par la volatilité, la liquidité, la malléabilité, la mollesse – toutes caractéristiques instables – de la substance qui la concrétise. Ce qui veut dire que l’objet devient en grande partie une référence à l’état de la matière, ou, de façon exceptionnelle, le symbole d’un processus (d’une action) sur le point de commencer ou déjà achevé (…) ». Robert Morris

« À la lumière du jeune Ashtâvakra, le huit-fois-difforme, physiquement affligé de déformations à quelques jours à peine de sa naissance dans le monde des hommes, on pourrait dire que naître, s’incarner dans un corps, serait déjà comme être « défiguré » par les apparences, divisé, morcelé, et donc intrinsèquement dés-uni. Là où Krishna se contente d’énoncer les composants de toute nature humaine, sans l’assortir d’un jugement, Ashtâvakra ajouterait l’éclat d’un presque-sarcasme : posséder une forme, c’est déjà être difforme, c’est naufrager dans la dualité consubstantielle à la nature du monde, c’est, dès l’origine, une désintégration. Telle est la vie. Or, comme on le sait, le berceau des formes manifestées, c’est l’Être, l’Un sans second, cette « autre nature, non manifestée, incarnée dans l’être vivant » qu’évoque Krishna. Cette nature est sans commencement ni fin ; la pensée ne peut la concevoir ; la parole ne peut l’exprimer. Elle est immuable, au-delà de l’espace et du temps. » Ashtâvakra, le huit-fois-difforme

=Jean Tardieu «La môme néant » dans « Monsieur Monsieur » 1951
Quoi qu’a dit ? – A dit rin.Quoi qu’a fait ? – A fait rin.A quoi qu’a pense ? – A pense à rin.

Pourquoi qu’a dit rin ?Pourquoi qu’a fait rin ?Pourquoi qu’a pense à rin ?

A’ xiste pas.

=J. J Pinto Thèse de médecine sur le changement en psychiatrie »

4« La notion de coïncidence de l’image du Moi et de la représentation du Monde se confirme aussi cliniquement : dans l’angoisse de dépersonnalisation, il y a à la fois impression de désomatisation et vécu catastrophique de fin du monde. »

4Agir, c’est « retraduire la Logique (du signifiant) dans le Lieu (du corps) ».

– Le corps existant dans le réel, il s’ensuit que tout acte fait apparaître du nouveau dans ce réel.
– Mais du fait que l’acte est une répétition liée à des signifiants, à du symbolique, il peut également être décrit comme réalisant de l’ancien.

Le Moi méconnaît qu’il n’est que le jouet de cette répétition signifiante. Il s’imagine exclusivement créateur de nouveau, agent de changement, architecte de l’univers subjectif. Il pense, au fil de ses actes, laisser le passé derrière lui, être en route vers l’avenir.

Dans la suite, nous serons amenés à reprendre cette distinction essentielle entre changement apparent (perçu dans la temporalité linéaire du Moi) et changement structural (celui qui met fin à la répétition). On comprendra alors mieux qu’un désir de changement (apparent) puisse n’être qu’une résistance de plus au changement (structural).

Donal Winnicott sur France culture

http://www.franceculture.fr/emission-une-vie-une-oeuvre-donald-w-winnicott-2014-12-13

Articles

http://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_du_miroir

http://langaginconscient.zeblog.com/c-reel-symbolique-imaginaireJ. J Pinto Thèse de médecine sur le changement en psychiatrie

5- http://fr.wikipedia.org/wiki/Ruban_de_M%C3%B6bius Ruban de Möbius

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Acme_klein_bottle.jpgVase de Klein ;Claude Lévi Strauss dans la potière Jalouse :interprétations psychanalytiques et champ sémantique des orifices corporels.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Moi_Peau Le moi peau de Didier Anzieu

« Totem et Tabou » Freud

http://fr.wikipedia.org/wiki/Totem_et_Tabou#Le_mythe_fondateur_de_Totem_et_tabou

« L’homme et la figure de l’art » Oskar Schlemmer

http://www.olats.org/pionniers/pp/schlemmer/theoricien.php

« les paroles du huit-fois-difforme » Ashtâvakra Samita
<a href="http://www.lyber-eclat.net/lyber/samhita/paroles8x.html">http://www.lyber-eclat.net/lyber/samhita/paroles8x.html</a>

Début de biblio

« Le rituel du serpent » Aby Warburg

« Atlas Mnémosyne « Aby Warburg

« Sorcières mes sœurs » camille Ducellier

« Lipstick traces » Greil Marcus

« Héta Huma » catalogue d’exposition Miam de Sète

« The queer art of failure » Judith Halberstam

« Cyber feminism « Donna Harraway

« Gender Trouble » Beatriz Preciado

« Les corps conducteurs » Claude Simon

« L’œil et l’esprit » Merleau Ponty

« Le maître ignorant » Jacques Rancière

« Les maîtres du désordre » catalogue d’exposition au musée du quai Branly

« Fluxus Dixit, une anthologie » les presses du réel

« Alice au pays des merveilles » Lewis Carroll

« L’art et la vie confondus » Allan Kapprow

« Après Babel » George Steiner

«Loki » Dumézil

«Monstres» Martin Monestier

«Le Corps» François Dagognet

« Tao Te King » Lao Tseu

«Totem et Tabou» Freud

« Le sentiment d’imposture » belinda Canone

«Le Sermon de Vénus»« La ressemblance informe» «Etre Crâne «Georges Didi Huberman

«L’homme et la figure de l’art» Oskar Schlemmer

« La métaphysique du Mou » Jean-Baptiste Botul

«L’ordre et les monstres » Patrick Tort

« La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques » Winnicott

«Vaudou » exposition a l’abbaye de Plougastel Daoulas

«Les métamorphoses du corps» Nadine vasseur

«les paroles du huit-fois-difforme» Ashtâvakra Samita

«Alice au pays des merveilles» Lewis Carroll

«Nul ne sait ce que peut un corps » Spinoza

«La métamorphose» Kafka

«Les métamorposes» Ovide

«Ecrits» Lacan

«Les fables peintes du corps abîmé » Les images de l’infirmité du XVIèmeau XXème siècle Henri-Jacques Stiker

«Les corps extrèmes dans l’art contemporain, entre l’animal, le divin et l’humain» Simone Korff Sausse

«The craignos monsters» Jean Pierre Putters

«Jeanne La pudeur» Nicola Genka

« L’être et le néant » JP Sartre

Films

“les maîtres fous” jean Rouch

«Cremaster» Matthew Barney

«Akira» Katsuhiro Otomo 1988

«Rubber Johnny» Chris Cunningham

«Dead Man» Jim Jarmusch

«Les yeux sans visage» George Franju

«Freaks» Ted browning 1932

«Elephant Man» David Lynch 1980

«Le Blob» de Chuck Russel 1988

« 28 jours plus tard » Danny Boyle 2002

« La petite boutique des horreurs » Roger Corman 1960

« White Zombie »Edward Halperin 1932

« The road » Viggo Mortensen

«L’attaque de la moussaka géante» Panos H. Koutras 1999

«La Shoah» de Claude Lanzmann 1985

« Tropical Malady » Achipatong weerasethakul

« Les messagers » Hélène Crouillat et Laêtitia Tura

« The.Call.Of.Cthulhu » Andrew Leman 2005

« la folle histoire de l’espace » Mel Brooks

Personnages conceptuels / absurdes / Monstrueux / récurrents

=Paul le Poulpe – La moussaka géante / Le blob /

=Hitchcock- où est Charlie – Monsieur Hulot – l’indien de Dead Man –

Quelques artistes

Topor, Absalon, Robert Morris, Patrick Neu, Henrique oliveira, the mighty boosh, Pierrick Sorin, Ernesto Neto, Barry Flanagan, Paul Mc Carthy, Tony Cragg, Jordi Colomer, Cindy Sherman, Art orienté objet, Eva Hesse, l’esthétique relationnelle ( Rirkrit Tiravanija), Sarah Lucas, Katinka Bock, Jse Manuel Castro Lopez, Yves Klein, Antonin Artaud, Man Ray, Erwin Würm, Joseph Beuys, Spencer Tunik, DougAitkinen, louise bourgeois, Art action, Michelangelo Pistoletto, Mona Hatoum, Giuseppe Penone, Gérard Gasiorovski, Leigh Bowery, Alexander Mc Queen, Piero Manzoni, Marina Abramovic, Fluxus, Allan Kaprow, Léonard de Vinci, Yayoi Kusama, Auguste Rodin, Camille Claudel, Caspar David Friedrich, Jacopo Di Pontormo, Michel Blazy,Francis Alÿs. Godard, Mike Kelley, The résidents, Diamanda Galàs, Jerôme Zonder, Les Monthy Python, Bram Van Velde, Barry Flanagan, Fiona Hall, Gaudi, Robert Stadler, Kate Mc Gwire, Henri Michaux, jenny saville et Lucian Freud, Cesar et Gaetano Pesce, quand les attitudes deviennent formes, Vanessa Beekroft, Jason Briggs, Odile Duboc, Anna Halprin, Thomas Rentmeister, Ivan Clédat et Coco Petipierre, Patricia Piccini, la beat génération, John Isaac, the matrix of amnsesia, Jean-Luc Guionnet, Mika Rottenberg, Le Caravage, Joana Vasconcelos, Bosh, Black & Decker ( c’est pour voir si vous suivez), Margarita Cabreara, Marie- Noelle Deverre, Goya ( non, pas chantal) Christian Van Minnen et presque tous les artistes de l’art brut (surtout ceux qui sont en asile !) Unika Zûrn, Fred Deux, Jessica Harisson, Joris Lacoste, Laurent Impeduglia, Wes, Naman, les artsites de BD Winshluss, Ludovic Debeurme, Blanquet, Les frères Guedin, Edienne Beck, le collectif face de phasme ( HSH crew), RDLSNumen / For use, « Ur Asamlet » Odile Darbelley et Michel jaquelin , « Uchuu Cabaret » Carlotta Ikeda, Sun O))))), Michel Journiac, Simon Schubert, Rembrandt, Stellark, Orlan, Gina Pane, Cher, Mickaël Jackson, Ernst Fuchs, Hans Bellmer, Clement Bagot, Gilles Barbier, Ron Muek, Alessandro Vitali, Gaz invasion» Robert Barry, « baiser au monstre » Pierre la police, « danser ou Mourir » Marie-Ange Guilleminot « Chambre 202 » Dorothea Tanning, « Théatre anatomique » Morgane Le Guillan, « Les chaises » Elodie Antoine, « Poufs » de Olivier Goulet, «Exuberance and Terror» Sasha Kopelowitz